Celui qui/le boeuf qui eschaucire/estrive/se rebelle contre l'aiguillon se point doublement. "Celui qui regimbe contre l'aiguillon se fait du tort doublement" : Com .I. laboureour de terre Qui contre aguillon escaucherre, Deux faiz se point si fait folie, Formose n'escaucherra mie, Mai souffri tout en pacïence (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 252). [Autre ex. p.108] ...cheus qui escaucine [l. escaucire ?] encontre l'esguillon, Il se point doublement, dont il a quisenchon. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 564). Le beuf qui estrive contre l'eguillon est point doublement ; et qui resiste a discipline, et mesprise correction, il sera mesprisé du correcteur. Et se ung filz empongne par rebellion la verge de son pere, le pere court au baton, qui est plus dur, et oublie le castaiement de discipline par la rigeur de punition. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 65). Se quelqu'un a fort offendu, Il a grant tort s'il en appelle ; Quant son cas a bien deffendu, La justice en est plus rebelle. Des pourvisions la plus belle C'est de soy rendre humble et courtois : Qui contre aguyllon se rebelle, Merite d'estre point deux fois. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 57).

Rem. Morawski 1873 : Qui contre aguillion rebelle deus fois se point, 2180 : Qui une foiz regipe deus foiz est pointz; Hassell 32, A51 ; DI STEF. 10b, aiguillon.

Angoisse prévue est à demi passée : Ainsi seras en servitude comme esclave, et ta renommee en dangier d'estranges gens. Que vault taire aux perissans leur meschance ? Quelle que part tu ailles, l'infortune du païs te poursuivra, rabaissera ton los et empeschera ta seurté. Autre desconfort y a, que je ne puis celer, car angoisse preveue est a demy passee. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 14).

Rem. Hassell 41, A156.

La bouche prononce les paroles, mais Dieu regarde le coeur : Or as tu de plus haulte escolle que la myenne la fourme de oreison en soy. Si te fault informer par dessus de la disposition du requerant. La bouche prononce les parolles, maiz Dieu regarde le cueur. Sy doit estre en priant ton affection ardaument desireuse, car nul ottray n'est fait liberaument s'il est demandé non challaument. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 164).

L'art d'engin humain ensuit la nature en ses oeuvres : Car l'art de l'engin humain ensuyt nature en ses oeuvres, maiz l'art divin dont tu es instrument la precede et tient serve et subjecte, et luy mue ses riglez et ses loys par espirituel povoir, qui est par dessus lez mettez de sa commission (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 33).

La faim chasse/fait saillir le loup du bois : ...car l'esguillon de fain et contrainte necessité de vivre fait saillir le lou du boys, pour ce que necessité surmonte nature et la pourforce de yssir de ses rigles et de ses loyz. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 13). Mais les povres hommes d'armes, qui ont de la souffraitte et du travail habondamment, sont tousjours prestz à emploier leurs corps pour honneur et renommée acquerir, car on dit communement que la faim chasse le loup hors du bois. (BUEIL, I, 1461-1466, 27). Neccessité fait gens mesprendre Et fain saillir le loup du boys. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 33).

Rem. Morawski 1000 : La fains enchace le louf dou bois ; Hassell 107, F1 ; DI STEF. 323c, faim.

Un fer lime l'autre : Ung fer lime l'autre, et ung pecheur chastie son semblable, et devient instrument de la divine justice. La lime se use et puis est degettee comme inutile, et le fer limé par l'amendement du maistre est reabillité et mis a prouffit. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 42).

Rem. DI STEF. 336c, fer.

De la maladie qui vient du chef se sentent tous les membres : Par semblable le vice qui du prince redonde sur ses subgietz pervertit l'ordre, trouble l'office et empire la condition de tous les estatz de son peuple ; car de la maladie qui vient du chief se sentent tous lez membres. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 45).

Il faut faire de nécessité vertu : Mais il ne li en chaut ne poise, Eins fist samblant qu'il en fust liez, Dont je me sui trop mervilliez. Et liez estoit il sans doubtance ; Tout pour faire aus bestes grevance, Fist de neccessité vertu, Quant il moustra que liez en fu. (MACH., D. Lyon, 1342, 234). Si dois eschuer desespoir Et toudis avoir bon espoir. Mais en ta grant mendicité Fai vertu de neccessité. (MACH., C. ami, 1357, 64). Quant nous avons painne, labeur ou tristece et adversité, nous devons savoir que nostre bon pere nous l'envoye pour le mieulx, et luy devons prier que celle adversié et painne nous soit tournee en la diminution de la painne que nous avons deservie pour nos pechiés ; et par ainsy nous ferons de necessité vertus, et escheverons les tres griefves painnes de purgatoire en tout ou en grant partie (GERS., 1400-1401, Oeuvres complètes G., 3). Et puis que tant apparurent vertueulx ceulx qui n'avoient apparence de remede, il est a croyre qu'ilz forcerent leur sens a esperer maugré fortune et faire vertu de leur necessité, et que la deffiance de humaine puissance tourna leurs cueurs en esperance divine, conceue en hault courage et conduite par ferme entreprinse, et les fist de vaincus, vainqueurs, et de chassés, assailleurs, et de humbles deboutés, les seigneurs et les maistres. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 135). Et puis que morir te convient, fay vertu de necessité, comme l'on dit. Ne te laisse l'ame tirer du corps a force, depars doulcement de ton hoste, non bouté hors par les espaules, obeissant humblement à justice divine. (MARTIN LE FRANC, Estrif D., 1447-1448, 283). ...porte ton mal le plus bel que tu peuz. Ce n'est pas icy que tu doiz dire ton courage, force est que tu faces de necessité vertuz. (C.N.N., c.1456-1467, 253). Toutevoyes, veullant faire de necessité vertu, dist au poursievant que voulentiers le feroit, et que il s'en allast devers ses seigneurs, et que au plaisir de Dieu, a ung jour court que lui nomma, il seroit sans faulte a Lyon sur la Rosne devers eulx. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 31).

Rem. Hassell 248, V79 ; DI STEF. 576b, necessité.

Nécessité surmonte nature : ...l'esguillon de fain et contrainte necessité de vivre le lou du boys, pour ce que necessité surmonte nature et la pourforce de yssir de ses rigles et de ses loyz. Et se tu notes bien cest argument, il porte sequelle de inconveniens infinifz et irreparables, que desja tu peulx par pensee prevoir en ses premisses. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 13).

Rem. Hassell 175, N11 ; DI STEF. 576b, nécessité.

Orgueil est le prince de tous les vices : Maintenant se tu qui es vaincu par les vices de l'ame demandes victoire sur ton corporeil ennemy, peult advenir que Dieu te laissera vaincre quant au corps, affin de humilier ton cueur, et que tu puissez avoir victoire sur orgueil qui est le prince de tous les vices. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 154).

Rem. Hassell 186, O84.

Les orgueuilleux haut élevés trébuchent plus vite et durement : ...quant les orgueilleux sont en hault eslevez, tant trebuchent il plus bref et durement. Lez chevances mal acquises mettent l'acquerent en mesaise et en peril, et, en soy espartant comme elles vindrent, laissent tousjours lui ou ses hoirs reprouchés et souffreteux. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 50).

On a le tourment pour cela même dont on a fait le péché : [Entendement d'adresse à la Foi ] Salmon qui fut apprentiz en ton escole nous donna pour regle que on a le torment pour ce mesmez dont on a fait le pechié. Pour quoy doncquez sont tourmentés pour les debas publiquez ceulx qui es choses publiquez n'ont aprouchement ne office ? (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 52).

Les pauvres portent la pénitence du péché d'autrui : Doncquez, se les adversitez des royaulmes sont executions des jugemens divins par la descongnoissance dez roys, pour quoy portent les povres et bas subgeitz la penitance d'aultruy pechié, et comme adjouxte Dieu nouveau torment sur le fais de leur labour ? (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 43).

Où foi perd sa liberté, elle perd son mérite : Pour certain la dignité de religion est si franche et si noble qu'elle ne peult souffrir violence, et ou foy pert sa liberté, elle pert son merite. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 126).

Celui qui se défie du donneur, doit bien perdre le don : Celui aussi de qui tous dons viennent entierement veult estre requis d'entiere pensee. Ayes semblablement ferme attente a ce que tu requiers, car l'oreison ne proufite, si non en tant que la foy du requerant lui donne de merite. Car doit bien perdre le don qui se deffie du donneur, et follement demande qui pense estre escondist. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 164).

[Sentence] Les conquérants craignent de perdre et les perdants espèrent recouvrer : Les conquerans ont la doubte de perdre, et les perdans ont l'espoir de recouvrer. Cil qui a le dessus en sa fortune s'orgueillist et s'endort et entroublie ez delitz de sa conqueste. Et celuy qui est au desoubz aguise son engin a la presse de son engoisse, et, s'il n'a esperance du destour de son maleur, si peult il esperoir retour de le eur de son ennemy. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 139).

Un homme seul peut être roi sur les autres, mais il ne peut pas régner par un seul sens : Ung homme seul peult estre roy sur lez autres, maiz il ne peult pas regner par ung seul sens. Car qui a plusieurs touche et appartient, doit par plusieurs estre traicté. L'auctorité de regner reside a ung seul chief, mais la discretion de regence naist de plusieurs engins, ezquelz lez dons sont espartiz qui affierent a si hault mistere. Et se tu demandez quel est le sens des roys, je te respons qu'il est plus en bien croyre conseil que en bien le donner. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 105).

Roi sans lettres est comme un âne couronné : ...que jadis le roy des Romains envoia au roy de France qu'il le enortoit afin qu'il fesist instruire ses filz es liberales disciplines, c'est asscavoir es sept ars ; et entre aultres choses y ajousta : "Roy sans lettre est comme ung asne couronné". (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 12). Je me recorde que es letres que le roy des Romains escript au roy de France je treuve en l'une entre les autres, où il amonnestoit et conseilloit que il feist ses enfanz aprendre es ars liberaulz et en bonnes doctrines, que il disoit que roi qui n'est lettré est comme asne coroné. (FOUL., Policrat., IV, 1372, 65). ...comme uns asnes couronnez Est uns rois terriens sanz lettre. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 269). Puis conclut que roy non savant Tout son fait n'estoit que droit vent Et qu'autant valoit au regné Com feist un asne couronné. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 217). Car se homme a excellence sur les bestes pour sçavoir, bien doit surmonter lez aultrez hommes en science qui sur lez hommes a seigneurie. Sy ne sauroye reprendre ceulx qui dient que roy sans lettres est ung asne couronné. Par ainsi il ne fault pas doubter que seigneurie et servitude sont establissement de loy roysonnable, non mye don de fortune. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 72). ...et illecques voulut [Alexandre] tousjours oyr les experimentés en toutes sciences et les voulut aprandre pour soy en servir au besoing. Bien sçavoit que le roy Salomon demanda sapience à Dieu ad ce qu'il peust mieulx gouverner son peuple ; aussi Helynant dit que le roy non lectré est ung asne couroné. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 58 r°).

Rem. Hassell 218, R62 ; DI STEF. 771a, roi. Même idée : : Un roi sans lettrure est comme une nef sans avirons : Et pour ce est il allieurs escript que un Roy sanz lattreüre est conme une nef sanz avyrons et come oysel sanz elles. (Songe verg. S., t.1, 1378, 223).

Savoir sans doctrine est dangereux : Ha a ! tant est dangereux savoir sans doctrine et, par trop croyre de soy, mescroire de Dieu. Maiz plus eshontee chose est obstinee persistence en erreur, et soy vouloir avant perdre que corriger. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 106).

Serviteur déloyal désire maître ignorant : ...lez mauvaiz officiers ne pevent convenir avec le prince sage, et serviteur desloyal desire maystre ignorant. Car vice est fondé d'ignorance, et nourry soubz tenebres. Et loyaulté requiert congnoissance et lumiere. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 72).

Sur gros texte claire glose. "Sur un texte important le commentaire ne doit pas se tromper" : Le viel Testament propose, Le nouvel preuve et expose Sur gros texte clere glose ; L'un promet, nonce et dispose, L'autre contente et repose ; Le premier dresse et ordonne, L'autre acomplist et foisonne, Et met la fin et la bourne ; L'un seme, l'autre moissonne ; L'un pugnist, l'autre pardonne. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 112).

Nul n'a victoire s'il n'a ennemi : La couronne n'est donnee fors aux victorieux, et nul n'a victoire s'il n'a ennemy (...). Il cherche delices et aises, et le royaume des cieulx se veult forcer et ravir par violence de paine et d'affliction. Il te tyre par sa pesanteur ou parfont d'abisme, et tu le peulz par agilité eslever par dessus les cieulx, et acompaigner a gloire en la final resurrection, comme il t'a compaignié aux paines de ceste vie. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 34).